Le ministère de l'Education nationale a officialisé son palmarès annuel.

par Jean-François Renaut

Au moment où s'achèvent les inscriptions à la fac et autres études supérieures, le ministère de l'Éducation nationale rend public le palmarès des lycées de France, mais plus ceux de Navarre.

La notice de compréhension jointe aux tableaux explique qu'il ne s'agit pas d'un classement à proprement parler. À la différence des années précédentes, il n'y a ni premier, ni dernier. Pour éviter les bonnets d'âne et aussi les têtes qui enflent, les établissements sont désormais regroupés selon cinq catégories distinctes : performant, neutre, sélectif, accompagnateur ou en deçà des attentes.

Ce qualificatif tient compte des résultats au bac, de l'accès des élèves de la classe de première à celle de terminale - ou de la seconde à la terminale, pour les lycées professionnels - et de la comparaison avec les indices de valeur ajoutée calculés par les services du ministère.

Les Landes sont concernées pour neuf lycées d'enseignement général et technologique et 14 lycées professionnels, publics et privés confondus. « Sud Ouest » s'est plongé dans les chiffres, afin de résumer les tendances constatées. Elles marquent peu de différences majeures avec les années précédentes.

1. Les meilleurs taux de réussite sont en pro

Ce sont les lycées professionnels qui affichent les meilleurs taux de réussite. Saint-Joseph à Gabarret (100 %), Louis-Darmanté à Capbreton (98 %) et Jean-Taris à Peyrehorade (97 %) sont les seuls trois établissements du département qui obtiennent l'appréciation « performant ». Le premier est privé, les deux autres publics.

Si les deux sections générales ouvertes depuis 2014 à Peyrehorade restent ignorées de la statistique ministérielle, tout semble planer pour le lycée Jean-Taris. L'établissement du Pays d'Orthe, spécialisé dans les métiers de l'aéronautique, compte aussi sur le chiffre flatteur de 95 % d'élèves accompagnés de la première jusqu'à leur diplôme.

Avec notamment des formations reconnues dans les métiers de l'hôtellerie, le lycée Louis-Darmanté, de Capbreton, est dans les mêmes pourcentages. Les 84 % d'élèves entrés en seconde et sortis de l'établissement avec le baccalauréat valent ainsi à ce lycée professionnel une valeur ajoutée ministérielle de 13.

2. Les grands lycées sont à la traîne

Le lycée de Borda à Dax, Haroun-Tazieff à Saint-Paul-lès-Dax, Victor-Duruy et Charles-Despiau à Mont-de-Marsan : les quatre établissements installés dans les deux agglomérations landaises sont à la traîne.

Ainsi, l'historique lycée Duruy (283 élèves présentés en 2015) a sur son bulletin un « en deçà des attentes », qui peut sembler pas terrible. Marie-Anne Sénéjoux, proviseur du lycée Duruy, relativise. « 91 % de réussite au bac (la moyenne nationale est à 87 %, NDLR), ce n'est pas mal. Même si on est en-dessous des objectifs assignés et qu'on peut toujours mieux faire. » Elle avoue ne pas regarder « tous ces classements ».

 

 

« Contrairement au privé, qui peut faire du tri, nous sommes tenus de scolariser tous les élèves de notre zone, rappelle le proviseur montois. À partir de là, nous sommes plus attachés au suivi de ceux qui s'avèrent en difficulté, ainsi qu'aux meilleures orientations possibles avant et après le bac, qu'à ces chiffres, qui ne reflètent qu'une partie de la réalité. »

Même résultat pour le lycée Haroun-Tazieff, lui aussi jugé « en deçà des attentes » en ce qui concerne ses sections générales. Ce n'est pas beaucoup mieux pour les baccalauréats professionnels (86 % de réussite), avec un « neutre » récolté.

Malgré une année scolaire émaillée de plusieurs grèves portant sur le sujet des effectifs dans les classes, le lycée de Borda obtient un « neutre » selon les critères de l'Éducation nationale. Les résultats restent bien au-dessus de la moyenne nationale, avec 93 % de réussite pour les 551 lycéens des filières générales, auxquels il faut rajouter les 74 des filières professionnelles (86 % de réussite). Ce nombre en fait le plus gros établissement du département.

3. Le privé est plus performant

Dans les établissements scolaires privés, les effectifs sont évidemment moindres. Et du coup, l'encadrement - plus proche des lycéens - et les conditions d'enseignement plus efficientes. Le nombre d'élèves présentés au baccalauréat est faible : 73 pour Jean-Cassaigne à Saint-Pierre-du-Mont, 118 pour Saint-Jacques-de-Compostelle à Dax, en ce qui concerne les lycées généraux. En lycées professionnels, c'est, par exemple, 28 à Vincent-de-Paul, à Saint-Vincent-de-Paul ou 30 à Gabarret.

Aubert Cruchon, le directeur de Saint-Joseph, le lycée du Gabardan spécialisé dans les métiers de l'informatique, dresse un constat dont il se félicite. « Depuis 2011 et notre première promotion de bacheliers, nous sommes à 100 % tous les ans, sauf une fois. L'an dernier, c'est 30 présentés, 30 reçus et 23 mentions. Derrière, ce sont 90 % d'entre eux qui partent en BTS ou DUT. »

Il se dit « très fier » de ça, et avance des explications. « La plupart de nos élèves sont pensionnaires et bénéficient d'un suivi personnalisé. »

Encore auréolé d'une première place landaise quant à son taux de réussite au baccalauréat (99 %), son homologue du lycée Saint-Jacques-de-Compostelle, Emmanuel Ortolo, reste quant à lui beaucoup plus pondéré face aux résultats de ce palmarès annuel. « Cela reste un indicateur. Et rien qu'un indicateur », pointe le proviseur. « Un simple élève qui échoue et les taux s'emballent, vu que nous avons de petits effectifs. »

Tout en s'appuyant sur cette même explication, le proviseur dacquois semble, en revanche, déçu de voir le ministère de l'Éducation nationale attribuer à son établissement un simple « neutre » pour ses résultats.

« Ce n'est pas terrible par rapport au boulot que l'on fait. Contrairement à une fausse idée, nous ne nous occupons pas que de bons élèves. Notre job, c'est de tous les accompagner. » S'il n'est pas féru de ce genre de comparatif, Emmanuel Ortolo reste conscient de son écho. « Au sein des familles, c'est toujours quelque chose qu'on regarde. »